Annoncé à peine quelques mois avant sa sortie, ce nouvel épisode des aventures de Wario a véritablement créé la surprise d'abord puis l'effervescence ensuite chez les hardcore gamers en mal de titres à se mettre sous la dent.

Et l'étonnement n'en fut que doublé lorsque l'on s'aperçut à la tombée des premiers screens qu'il ne s'agissait pas d'une suite au sympathique Wario World de la GameCube mais bel et bien du cinquième opus de la sage Wario Land, excellente série mêlant plate-forme et réfléxion qui a su faire les beaux jours de la Game Boy, Color comme Advance, en son temps.

Puisque qui dit Wario Land dit 2D, c'est un Wario façon dessin animé que l'on va contrôler au cours de ce périple. J'entends déjà l'inculte jeune génération rouspéter ! Ils veulent des polygones parce qu'ils trouvent que ça fait joli ?! Mais qu'ils observent cinq minutes l'esthétique en deux dimensions magnifique, splendide, époustouflante de ce Shake Dimension qui botte purement et simplement l'arrière-train de n'importe quelle 3D d'aujourd'hui, oui monsieur !

La 2D n'est pas morte, loin de là.

Voilà qui est établi. Maintenant, si vous le voulez bien, je vous invite à en découvrir davantage sur le jeu en lui-même et non pas sur la mini-polémique qu'il a suscité.

Vous vous en doutez, avec Wario, point d'histoire de princesse à délivrer et autres inepties... Enfin, en l'occurrence si, mais ce n'est pas pour ses beaux yeux ! Il vous incombe en effet de délivrer la jolie reine des fées retenue captive par l'infâme roi Shake s'étant auto-proclamé tyranniquement son titre. Les petits lutins ne parvenant pas à s'assurer l'aide de notre gros lard cupide avec leurs pleurnicheries royales évoqueront alors l'existence d'un sac de pièces d'or gigantesque, et sans fond de surcroît, détenu également par le roi Shake ! Voilà qui aura pour don d'intéresser un peu plus notre bon vieux Wario qui décidera aussitôt de se lancer au coeur de la "dimension Shake" dans le but de s'en mettre plein les poches et donc, accessoirement, de secourir la jouvencelle en détresse.

Pour y parvenir, il lui faudra traverser cinq mondes composés chacun de quatre niveaux et d'un boss à occire.

Si les tableaux peuvent se traverser à la vitesse de l'éclair en ligne droite, chacun recèle néanmoins trois trésors à dénicher ainsi que jusqu'à cinq missions à remplir. Ces dernières vous propose de remplir certaines conditions comme, par exemple, terminer le niveau avec un certain nombre de pièces, en un temps record, sans perdre d'énergie... Certains challenges se révèlent plus "exotiques", comme celui qui vous impose de n'entrer en aucun cas en contact avec l'eau au coeur d'un environnement résolument aquatique. Les adeptes du 100 % y trouveront donc leur compte sans difficulté, mais ceux que cette quête des bonus facultatifs rebutent risquent de voir le bout de l'aventure en une demi-douzaine d'heures tout au plus...

D'autant plus que cet opus affiche une facilité extrême avec des adversaires moins hostiles qu'un troupeau de brebis galeuses (ils ne vous infligent même pas de dégâts lorsqu'ils vous foncent dessus) ou des trésors parfois carrément placés sous votre nez. Les missions, par contre, seront bien plus ardues à remplir, mais rien de bien effrayant non plus pour la horde de hardcore gamers que vous représentez, chers lecteurs. Mais, effectivement, il ne sera que trop rare de mourir dans Wario Land Shake. Si la jauge de vie de départ est déjà amplement bien fournie, elle se renforcera de plus belle entre chaque monde pour que parcourir les environnements sensés à la base représenter un danger devienne une promenade de santé. Je ne vous cacherai pas que cela a légèrement tendance à gâcher le plaisir de jeu et, encore plus grave, la durée de vie, quelquefois.

Ne vous alarmez pas trop, les énigmes restent assez divertissantes, les graphismes somptueux précédemment évoqués ne font que nous accrocher davantage à l'univers et le gameplay simple mais efficace opère à merveille. Ainsi, la Wiimote est tenue à l'horizontale et seuls deux boutons sont requis pour déplacer notre gros bonhomme : l'un est employé pour sauter, l'autre pour lancer l'inénarrable et pourtant déjà si célèbre attaque chargée de Wario. Évidemment, les développeurs de Good Feel (sous la tutelle de Nintendo, bien sûr) n'ont pas omis l'opportunité d'implémenter aux commandes quelques fonctionnalités gyroscopiques afin d'exploiter les spécificités du contrôleur ainsi que le détecteur de mouvement du support sur lequel le jeu tourne. On se retrouve donc à secouer la Wiimote pour vider des sacs de pièces, se balancer sur une barre fixe, orienter le tir d'un canon ou, plus destructeur, effectuer une super attaque qui envoie valdinguer l'intégralité de vos adversaires au sol et, dans les lieux opportuns, ouvre certains passages cachés.

La palette de mouvements est brillamment illustrée par des animations, réalisées à la main, tout simplement hilarantes et, de surcroît, de toute beauté ! Vous ne vous lasserez pas de voir Wario retomber sur le sol après un saut périlleux pour pouvoir observer sa bedaine trembloter, ou même de le faire pénétrer encore et encore dans l'un de ces classiques tuyaux verts pour le regarder pousser son gras dans le but de parvenir à y entrer... Ne parlons pas de sa frimousse carbonisée ou de son saut de cachalot à plat ventre pour se faufiler dans les passages étroits... Bref, vous prendrez un réel plaisir à contrôler Wario et à le faire évoluer dans des décors tout aussi somptueux ! Nintendo a vraiment mis les petits plats dans les grands de ce côté-là et c'est tant mieux ! Voilà qui, comme susdit, envoie une claque fulgurante dans la face de tous ces innombrables jeux en 3D et leurs polygones !

Ce Wario Land nouveau s'inscrit sans tergiverser dans la lignée des précédents. On retrouve d'ailleurs typiquement le même type de progression : on démarre le niveau d'un point de départ bien marqué, on le traverse dans un sens avec un seul chemin vers son terme autour duquel s'acheminent d'autres sentiers plus annexes permettant de récupérer plus de pièces ou les fameux trésors narrés plus haut. Une fois au bout de ce parcours, on découvre une cage dans laquelle est enfermé l'un des sujets de la reines des fées qu'il faut libérer pour ensuite foncer comme un dératé vers le téléporteur d'où vous aviez débuté le tableau. Certains passages jusqu'alors bloqués se dévoileront alors et il faudra découvrir le chemin le plus court pour parvenir à l'entrée le plus rapidement possible. Car ces passages sont en effet limités dans le temps et vous devrez recommencer depuis le point de contrôle si vous échouer. Avouons tout de même que le studio de développement a eu la main lourde sur le temps accordé ! Votre humble serviteur, aussi nul soit-il, n'a pas été une seule fois à pâtir d'un délai trop court... C'est dire à quel point la difficulté de la série a été revue à la baisse ! En plus, vous pourrez compter sur votre ami fraîchement défait de ses liens pour vous indiquer la marche à suivre... Bref, pas de quoi fouetter un lutin ! Ce système était bien plus oppressant dans Wario Land 4 sur Game Boy Advance ! A l'époque, recommencer le tableau depuis le début était légion... Enfin soit, au moins ce nouvel épisode est à la portée de tous !

Mais ne crachons pas dans la soupe pour autant ! Bien qu'il soit facile à souhait et doté d'une quête principale fort succincte, Shake Dimension constitue un très bon jeu sur Wii. Avec son esthétique qui laisse rêveur quant à l'avenir de la 2D, son Gameplay simplifié qui fonctionne à merveille et ne s'encombre pas de fioriture au point de vue de la reconnaissance de mouvements et sa bande son composée de thèmes orchestrés de main de maître et des bruitages toujours aussi en adéquation avec le personnage grotesque mais tellement charismatique que représente Wario !

Un bon jeu, certes, par contre, si vous voulez en avoir pour votre argent, je ne conseille qu'aux fétichistes désireux de voir afficher "100 %" marqué au fer rouge sur leur fichier de jeu de l'acquérir neuf. Les autres ne projetant que de s'enfiler tous les niveaux à la suite devraient plutôt attendre de le trouver d'occasion, car 50 € les 6 heures de jeu, ça n'est pas ce qu'il y a de plus rentable... Vous voilà prévenus !